mardi 20 novembre 2007

Soyez les bienvenus !

L'autre côté du miroir...


Carnet de bord d'un demandeur de visa rencontré au Bénin.

Micro-histoire dans ce qui sera notre Histoire ; dans une actualité durcie pour beaucoup d'entre eux.

C. est un béninois de 30 ans.
Médecin, il souhaiterait reprendre une formation en France afin de se spécialiser. Cette formation lui permettrait d'obtenir un diplôme qui le valoriserait.
Ici, à partir d'un certain niveau intellectuel les gens tournent en rond car le boulot est peu intéressant, peu valorisé. Le pays n'a rien à proposer.
Cette formation étant l'une des meilleures qu'il ait trouvée.
Partir serait aussi pour lui une bouffée d'air, un renouveau, une véritable expérience humaine : ces amis ayant déjà tous quitté le Bénin pour d'autres horizons.

Pour obtenir son visa il s'est adressé au consulat de France à Cotonou.
Mais entrer dans l'Hexagone est une véritable épreuve.

1. Trouver une formation qui l'intéresse, s'inscrire auprès des universités.
2. Démarches administratives : présentation du dossier pédagogique à l'ambassade (note depuis le bac, parcours...) + accord de l'université (lettre d'acceptation)
3. L'ambassade émet un avis favorable ou non, puis transmettent le dossier au consulat. Le délai entre les deux dur environ un mois.
4. Le consulat vérifie toutes les pièces qu'il faut pour obtenir le visa.
Le visa est spécifique selon les personnes.
Dans le cas de C. un visa étudiant d'un an est requis.
Mais la situation se complique. C. doit trouver une attestation de logement en France, ainsi qu'une garanti financière d'au moins 5000 euros pour l'année.
C. fait un prêt et se fait aider par des amis.

- Pour l'attestation de logement : C. a des amis en France (les hôtes).
Ces derniers doivent aller à la mairie pour demander ce fameux certificat d'hébergement. La feuille coûte déjà 30 euros. Par ailleurs, on leur demande une feuille d'imposition qui prouve qu'ils gagnent 1500 euros par mois... ils sont étudiants... La demande reste vaine.
C. doit donc réserver une chambre dans un foyer et faire un virement bancaire. Le foyer a mis, dans son cas, plus de deux semaines à envoyer l'attestation de logement alors que le temps lui était compté.

- Pour justifier d'un compte en France (et garantir un virement permanent mensuel de 457 euros ou justifier d'une présence de 5000 euros sur un compte bloqué) C. a dû ouvrir un compte, ici au bénin, à la Société Générale (seule banque française ici) ou il a placé le capital après différents prêts.

C. a enfin toutes les pièces demandées.
Il retourne au consulat après avoir vérifier toutes les pièces qu'il avait.

Au 1er entretien on lui dit que sa situation est ambivalente car contrairement aux autres étudiants il s'auto-finance et travaille. Les autres bénéficient soit d'une bourse soit de l'aide de leurs parents. Du fait de son âge et son auto-financement on ne lui a pas demandé de garant.

Il repasse quelques jours plus tard après un coup de fil du consulat.
On lui demande de repasser car il manque deux pièces.
Une prouvant la situation professionnelle de ses parents et l'autre confirmant son inscription dans sa formation.
La prof lui renvoit la lettre, déjà envoyée au consulat.
Le lendemain il repasse avec les pièces.
Nous sommes vendredi. Sa rentrée est le lundi.
Le vendredi on lui dit de repasser l'après-midi pour récupérer son visa.
En ouvrant son passeport il voit un petit papier :
"Selon l'article X de la loi française, le consulat peux refuser sans justification..."
Tous ces efforts... pour rien.

Dégouté de ces trois mois passés, il cherche ailleurs.
Une semaine s'écoule.

On le rappelle une semaine plus tard contre toute attente car il s'était mis en tête qu'il ne partirait plus. On lui dit que son visa l'attends mais qu'il doit encore rapporter des pièces complémentaires (les mêmes)...
Surpris, C. s'est demandé à quel niveau été le problème ?? La transmission au sein du consulat ?
Parallèlement, le même jour, il apprend qu'il vient d'obtenir un poste prestigieux de médecin au Gabon pour une fondation suisse.

Partagé, il demande divers avis, d'autant plus que la prof en France l'avait beaucoup aidé.

Finalement il repart au consulat et obtient son visa... en se posant toujours des questions.

Aujourdhui il a tourné la page mais ne ferme pas la porte à la fondation qui lui a promis de garder son cv pour l'année prochaine.

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Depuis le 1er décembre le Bénin fait parti de ces pays possédant un Campus France inauguré par l'oubliable Mr. H.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour le voyage... On ne se connait pas mais je suis une amie à léo en france et je peux enfin dire que je découvre le pays ou il vit depuis 3 années. Avec sensibilité et légèrté, je suis fan... merci, pour ce carnet magnifique.

karine maincent a dit…

Merci Pauline !
J'ai remplacé Léo il y a déjà 5 mois au CCF !
J'essaie de partager cette formidable aventure, du mieux que je peux, à toutes les personnes qui m'entourent, me sont proches... et aux amoureux du voyage !
Je vois que tu en fait parti !!
Alors : encore merci !!

;)

Riton a dit…

Hé, c quoi ça? déjà plusieurs papiers en cours de rédaction là...
il y en a qui attendent!! ;)

Anonyme a dit…

Merci pour ce minutieux témoignage si proche de la réalité. On se rend compte à quel point les Français ont la chance de franchir les frontières comme ils le souhaitent. Le seul fait de naître Africain semble contraire à la liberté de circulation...