lundi 3 septembre 2007

Errances...

Pas plus tard qu'hier une feuille blanche était encore collée au portillon du Centre Culturel Français.
Des caractères bâtons noirs imprimés indiquaient : "Le CCF fermera ses portes du 28 juillet au 4 septembre"...
Les portes du CCF closes : c'est tout un monde insoupçonné qui prend vie. Tout un monde de petits riens, vivants, grouillants, discrets, silencieux.

L'agitation quotidienne a laissé place à la solitude. Le cri des enfants semble s'être dissipé, recouvert par la pluie torrentielle donnant l'impression de vouloir prolonger son bail. Je suis seule. Toute seule. Dans mon bureau au fond du jardin.
Enfin presque seule... Certains oiseaux viennent déféquer juste devant ma porte... je vous vois derrière votre écran !! Moquez-vous !! Parce qu'ils pensent que leurs plumes si majestueuses leur donnent ce droit ?? Vous pensez peut-être que je vous parle d'un de ces merveilleux oiseaux exotiques ?? Eh bien non !! Ces méprisables oiseaux sont des paons. Ils viennent me narguer. Parfois je les vois s'avancer sur la pointe des pattes, le cou en avant, me regarder au travers de la porte vitrée. Avec leurs yeux interrogateurs, niais, redressant leur cou et leurs plumes, ils me regardent. Mais imperturbable... je poursuis mon travail.

Une autre fois, j'aperçois à l'autre bout de la pelouse grillée par le soleil, Bernard.
Bernard, le jardinier, perché en haut d'immenses jambes, au visage aussi long que ces-dernières et au regard rieur.
Il s'agite autour d'un arbuste avec véhémence. Avec ses rangers noires et son habit de travail marron. Je plisse les yeux... il porte aussi un masque, des lunettes de plongeur, et un pince nez... Interloquée, je quitte mon bureau et m'approche de lui...
"Eh Bernard ! Tu pars à la pêche, ou bien ??" (il faut toujours ajouter "ou bien" en fin de phrase, c'est ainsi)
Non. Tête baissée, Bernard tentait de déloger un serpent enroulé sur une branche, à peine visible. Peu rassurant tout ça...
Ah ce Bernard quel drôle d'oiseau !

Les fourmis ont aussi repris leur droit à l'intérieur des latrines.

Et Monsieur Thomas est là. Toujours. Monsieur Thomas est énigmatique.
Je ne sais rien de lui. Je le croise de temps à autre. Il est souvent assis sur une chaise à l'entrée du CCF... on encore dans une dépendance attenante à la grande scène. Toujours assis. Il fait presque parti des meubles, ici. Mais attention, il ne faut pas s'y méprendre... Monsieur Thomas a une place très importante au sein du CCF... Il n'est pas gardien, ni jardinier, ni chauffeur, encore moins technicien ou bibliothécaire... il est peu de chose. Monsieur Thomas est frappé par la folie. Il est seul, abandonné par ses enfants vivants en France... et a décidé d'élire domicile dans cette habitation de fortune. Il n'est pas rare de le voir un dimanche matin prendre sa douche avec le tuyau d'arrosage... Ce qui peut en surprendre plus d'un, pour les non initiés ! Mais les employés ont beaucoup de sympathie pour lui... et ont presque monter un "syndicat" pour ne pas le déloger. Sa "chambre" toujours rangée et propre est repeinte tout les ans... et cela fait quinze années !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai lu avec beaucoup d'intérêt ta longue histoire du 29 août, que j'ai trouvé trés intéressante et toujours écrit avec beaucoup d'humour et de piquant, des lectures qui m'apportent toujours un sourire sur les lévres, c'est trés chouette pour le moral et je suis contente de te voir aussi épanouie sur le sol africain

continue, de nous informer car je le lis comme un roman à suivre "les aventures de karine au bénin" à suivre à suivre ...comme un feuilleton bisous de ta marraine

Anonyme a dit…

Merci beaucoup petite marraine adorée !
Je tenterai au mieux de vous faire voyager à travers mes aventures, mes mots, et mes illustrations !
Tant que je peux vous faire sourire, rire ou rêver à travers tout ce que j'avais pu rêver moi-même jusque là !!
Je vous embrasse très fort !!

Bisous à toute la petite famille !

Karkar

Clément a dit…

ouais et non seulement c’est bien mais en plus t’écris bien, ce qui n’est pas une mince qualité!
Clément