Lorsque j'ai rencontré Simonet la première fois... c'était au Centre culturel français, dans mon bureau. En fait, ça n'était pas vraiment Simonet, mais les petits personnages métalliques à qui il donne vie. Ils étaient là, m'accueillant, posés sur une étagère ou un coin de table. Les êtres que Simonet confectionne sont d'étranges personnages. Oui oui ! Ces personnages énigmatiques sont bien des êtres ! Car à chacune de ses réalisations, Simonet organise une cérémonie d'installation cultuelle, une sorte de rite de sacralisation. Souvent il s'agit de représentations de dieux.
Simonet Biokou, l'artiste mécanicien-plasticien, je l'ai rencontré bien plus tard. Des yeux en amandes, un air malicieux, un archipel de colliers-gri-gri métalliques autour du cou et surtout... une 504 bleue marine aux fauteuils en velours rayés beige et chocolat, avec comme emblème un magestueux cheval en métal, vissé sur le devant du capot !! "La voiture africaine par exellence" me dit-il en souriant.
Le rendez-vous est pris pour le week-end suivant, à Porto Novo.
Porto Novo capitale du Bénin, ville résidence de Simonet, à 30 kilomètres de Cotonou. Je pars en expédition avec Ladis, mon ami artiste de "l'atelier en carton". Une expédition. J'ai bien cru que nous ne partirions jamais... mon pneu avant droit, une fois de plus, était dégonflé... La route est droite, jalonnée par une tonne de rond point ! Une "presque-autoroute".
Nous retrouvons Simonet et sa 504 devant le musée ethnographique. Je
suis subjuguée par l'architecture de Porto Novo !!
Une sorte de quiètude plane sur cette ville aux façades jaune, ocre, rouge, et vert lagon. Porto Novo la capitale à l'architecture coloniale et afro-brésilienne. Superbe !
Après une petite visite du musée, direction l'atelier de Simonet. Son atelier, et néanmoins habitation, est en construction. Les aglots sont apparants. L'atelier est au rez-de-chaussée sous une taule métallique. L'étage, futures chambres, sert aussi d'atelier... Sa femme prépare à manger, ses fils sont assis, calmes, sur les escaliers. Le paon est au centre de la cour, Ogun le dieu du Feu contre un mur, les musiciens accrochés avec un clou sur le mur d'en face. Simonet a une grande famille !!
Des instituteurs aux cheveux réalisés en bougies d'automobiles, des hommes d'affaires portant des cravates confectionnées grâce à une chaîne de vélo, un écrivain dont le corps est représenté par une plaque d'immatriculation jaune... Simonet n'est pas un artisan. C'est cette autre dimension dont je vous parlais qui l'en distingue. D'ailleurs, aujourd'hui il lui faut désormais acheter le matériel de récupération (essentiellement automobile) !! Autrefois on lui donnait gratuitement, presque par pitié, en se demandant ce qu'il pouvait bien en faire !! Depuis, on a compris, la prise de conscience du public a été rapide, étonnante et salutaire. Simonet a pu exposer en France et aux Etats-Unis entre autre.
Je prends quelques clichés pour la future exposition...
Nous reprenons la route, nos estomacs revendiquant leur droit à aspirer à un peu de réconfort.
Ce midi : porc grillé, piron (pâte) et Fizzy pamplemousse ("sucrerie" comme on appelle ici - boisson gazeuse sucrée). Nous avalons goûlument avec nos doigts gluants de pâte (eh oui pas de fourchette ici dans ce maquis !!). Un régal !
Avant de retourner sur Cotonou... nous partons visiter le jardin des plantes... seul endroit de verdure, à ma connaissance, dans le sud du Bénin... à part le jardin du CCF....
Le pneu de nouveau regonflé nous voilà partis...
Vendredi 14 septembre : Vernissage de Simonet Biokou au CCF.
Voici le carton d'invitation que j'ai réalisé.
J'ai choisi d'utiliser une photographie prise chez lui. L'ambiance est presque mystérieuse. La typographie reprenant la composition du
visuel : "Biokou" en gros et gras, comme le corps de la sculpture qui semble soutenir cette tête si minuscule... d'où un "Simonet" écrit en plus petit, et plus étroit. La couleur utilisé pour son nom est rouille.
L'exposition grouille de monde. On descend le pupitre réalisé par Simonet, et exposé, pour le discours. Des femmes sont là pour la cérémonie. Elles chantent. L'exposition est vivante...
comme ces œuvres !
mardi 18 septembre 2007
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