vendredi 3 août 2007

Little Particules of Cotonou


Le temps s'écoule "doucement" comme on a l'habitude de dire ici... avec ces aléas, la lenteur de l'administration, des maquis (petits restos de rue), la palabre interminable des négociations avec les commerçants ou encore avec les policiers (sisi ! ici c'est le quotidien des yovos -étrangers blancs- de subir des contrôles de papiers surtout lorsque l'on est véhiculé !)...

Les semaines passent avec leurs lots de quotidiens et de surprises.
Surtout de surprises.
Toutes ces nouveautés quotidiennes, même les plus anodines, demandent de ma part beaucoup plus d'énergie.
Tout demande plus de concentration, d'attention qu'en France.
Par exemple le CCF me permet de rencontrer la majorité des artistes béninois !
Sympa me diriez-vous ! Seulement, et sans aucunes mauvaises pensées de ma part... je ne reconnais jamais personne !
Je les confonds : tous se ressemblent !

Il en est de même pour les vons (Voies Orientées Nord Sud) plus communément appelées "chemins" chez nous. En terre, sous l'eau pendant la saison des pluies, toujours ensablées, et reliant les avenues entre elles, aucunes ne possèdent de nom. Nous ne trouvons pas ici de repères géographiques bien distincts comme des immeubles. Rien ne peut accrocher notre œil pour nous repérer. Encore une fois tout se ressemble. Il n'y a pas non plus de centre "historique".

Le long des vons survivent des petits commercants. Vulcanisateurs (marchands et réparateurs de pneus), tanti ou tata (le nom respectueux que l'on donne aux dames commerçantes), peintres d'enseignes, vendeurs d'essence au litre dans des bouteilles en verre (essence importée du Nigeria en contrebande)...
Tous "cherchent" à être leur propre patron. C'est du "commerce de survie". Beaucoup de jeunes bacheliers (seulement 10% l'ont obtenu cette année au Bénin !!) se retrouvent sans emploi et sont obligés de se mettre à leur compte.
Ce qu'il fait qu'il existe encore ici plein de petits métiers qui ont disparu chez nous.

A cette ambiance locale vivante, colorée, dynamique y contribuent les zemidjans dits "zems".

J'ai rapidement appris à ouvrir les yeux à l'arrière de ces taxi-moto se faufilant à une vitesse hallucinante dans les embouteillages ! Après négociation, chaque matin, du prix de la course me voilà à l'arrière de ses chauffeurs à la chemise jaune. Je suis toujours impressionnée de croiser des zems avec 4 ou 5 passagers... ou encore avec des litres d'eau, des bagages à n'en plus finir !! J'ai également appris à descendre du côté gauche du taxi-moto.... afin d'éviter de me brûler le pied avec le pot d'échappement !! Eh oui !! C'est le lot de tous les nouveaux yovos !! Voilà !! Ainsi chaque jour j'ai ma dose d'émotions fortes et de gaz d'échappement !!

Arrivée saine et sauve au CCF, mon lieu de travail, j'ai une bonne dizaine de poignées de main à serrer au bar... avant de m'atteler au boulot. Il m'est difficile de travailler... le bureau de ma "coolègue", chargée de communication, et moi-même, donne sur le "jardin" du CCF. Nous sommes sans cesse "dérangées" par les artistes qui nous demandent de les aider pour remplir des dossiers, faire un blog, un logo, un scan... ou tout simplement pour dire bonjour ! Il m'est impossible de me concentrer !!!

D'ailleurs côté travail, comme je vous le disais il me faut ruser ! J'ai fait le tour des principaux imprimeurs de Cotonou... mais cela n'empêchera pas de faire fonctionner la photocopieuse pour les petites manifestations... Alors je cherche... j'expérimente le noir et blanc...
Je souhaite vraiment profiter de cette expérience africaine pour enrichir mon travail graphique.
J'absorbe comme une éponge tous les motifs de tissus que je vois au marché. Je reproduis méthodiquement le lettrage des enseignes peintes à la main. Je tente de saisir d'un coup de pinceau toutes les nuances de couleurs qui ponctuent mon chemin. Des vert tendres aux rouge vifs de la terre.
Je gribouille dans mes carnets de croquis dès que le temps me le permet... et je n'attends que ça !!
Ici le graphisme est peu développé. Outre leur dextérité à peindre sur de grands panneaux en bois de magnifiques scènes du quotidien pour vanter tel produit ou tel magasin, les affiches sont souvent mal fichues !



Garder son style tout en s'inspirant du "graphisme" local... sans tomber dans le cliché !! Apprendre des artistes locaux, de l'art utilisant des matériaux "recyclés" en particulier.

Vaste programme !

Mon premier travail a été de réaliser l'affiche d'une pièce de théâtre "La Secrétaire Particulière" écrit par le célèbre écrivain béninois Jean Pliya et mis en scene par des élèves d'Alougbine Dine grand homme de la scène artistique du Bénin.
Cette pièce est l'une des plus étudiée en classe au Bénin.
J'ai cherché ici à représenter ce que pouvait être à nos yeux une secrétaire africaine : avec des formes et le pagne !
De dos, afin de rester suggestif. La typo laissant suggérer le mouvement de la machine à écrire, de gauche à droite.
Le second travail a été de créer une affiche pour la programmation cinématographique estivale du CCF.
Ce mois-ci Louis de Funès est à l'honneur !
Je me suis amusée à reprendre des typos glanées au cours de mes pérégrinations pour concevoir le visuel.
J'espère que vous serez indulgent avec mes premières créations !! Nous referons le point dans quelques mois !! (rire)




La plupart des midi, quand je ne me fais pas inviter par un ami français à goûter la cuisine de son cuistot, je pars à la recherche des saveurs béninoises dans un maquis ou au bord de route. Les plats sont essentiellement constitués de pâte. Ce que l'on appelle pâte est toujours faite à base de maïs. L'amiwo est rouge à base de tomate. L'akassa est constituée de maïs fermenté (beurk...). La pâte est assez fade. Elle est souvent accompagnée de sauces... généralement pimentée. On reconnaît d'ailleurs le degré de piment aux gouttes de sueurs qui perlent sur le front des gens !! Sinon beaucoup de riz, de poissons grillés, d'aloko (bananes frites), de jus d'ananas, de spaghetti, de fromages peuls, de couscous, ou de poulets-bicyclette. Ne me demandez pas pourquoi ce nom stupide !! Au Burkina on l'appelle poulet-télévisé car les gens le regardent cuir dans une rôtissoire vitrée !! Il est courant de manger avec les doigts. Il y a d'ailleurs souvent sur un coin de table une cuvette d'eau et du savon pour se laver les mains ! Tous ces plats sont souvent dans des sortes de glacières sur une table en bois. Il faut demander à la "tanti" de soulever chaque couvercle pour faire son choix...

Les week-end sont fait de rencontres, d'excursions et d'aventures !!
Outre la plage le long de la route des pêches, bordées de cocotiers, il y a tant à découvrir !!
A part la fête de l'ambassadeur le 14 juillet, pathétique soirée trop convenue à mon goût...
Les béninois se jettent sur la nourriture française (rien d'exceptionnel : fromage, saucisson).
Et les français (quelques-uns... heureusement) s'affublent de boubous, de pagnes ou encore de tresses africaines pour montrer qu'ils sont "bien" intégrés !! Le mauvais goût par excellence à mon sens !! Le plus drôle c'est de les voir partir à l'aéroport, en groupe, djembé sous le bras ! Un vrai défilé !!

Ces derniers week-end, je suis donc partie hors des circuits touristiques avec quelques amis.
Sortir de Cotonou devient une vraie aventure : ne pas rouler de nuit pour éviter les coupeurs de routes, éviter les trous dans la route, les camions qui déboulent et que l'on retrouve parfois allongés sur la voie un peu plus loin, ceux qui n'allument pas leur phares la nuit, dépasser les vieilles 504 surchargées qui n'avancent pas, ne pas écraser les gens qui traversent les champs de maïs lorsque l'on roule à 120 kilomètres heure...

xxxxx

La suite très bientôt....



Abomey et son palais des rois, le marché de Dantokpa (le plus grand d'Afrique de l'Ouest) et son marché aux fétiches, la fondation Zinsou, les villages de brousse, le sodabi et l'orphelinat à qui nous nous apprêtons à donner un peu d'aide...

7 commentaires:

Papa Flo a dit…

Et bien ma foi... rien à voir avec l'Afrique du Sud!!! Et même l'Afrique Australe de façon plus large...

A priori ça te plait c'est le principal!

Profites-en bien,
Flo.

Clem. a dit…

Diable, n'aurais-je pas vu une Marcelle s'agripper à ton oeuvre ? Mwarf !
Carpe Diem et Youkaïda !
Clemou.

Christine a dit…

Si ça peut t'aider, en Côte d'Ivoire ma mère reconnaissait les gens grâce à la couleur de leur chemise. Certes, ce n'est pas infaillible : suffit qu'ils changent d'habits dans la journée et hop... c'est foutu !
Sinon, bien bien ton blog, suis impatiente de voir tes autres croquis !

Béa a dit…

Il est vraiment génial ton blog, je me suis régalée à tout lire (en plus c'est très bien écrit !). J'aime beaucoup l'affiche de la secrétaire...
Merci de nous transporter à des milliers de km, ça fait une petite escapade quand on est au boulot dans son bureau parisien...

Grosse Bise

Anonyme a dit…

bercée par les doux pleurs du petit marceau (le filleul de marc) je viens de faire un rapide tour de ton blog!!c'est cool de voyager un peu en Afrique...j'attends la suite! on t'embrasse Leslie et Marc

Riton a dit…

hello!
très joli blog que je découvre à peine...
Pour la petite histoire des poulets, on m'avait raconté que le poulet télévisé était bien dodu, puisque passant ses journées à regarder la télé, et que le bicyclette lui était bien maigre (contrairement à chez nous) comme s'il passait son temps à pédaler...
Quoi qu'il en soit, nous sommes en Afrique, et dans la tradition orale, toutes les versions sont acceptées...
bises
arnaud

Romain a dit…

Hey mon amie!
T'aimes tu ça manger de l'akassa?

Un très joli blog aux senteurs de piments, de terres humides et de pallu, et qui donne des envies de voyages!

Je me pose encore une question qui m'angoisse. Si les béninois chassent le poulet à la bicyclette, avec quoi chassent-t-ils les hippopotames ???

Profites bien de ce pays qui à l'air fort sympathique. Mais surtout méfies toi des moustiques que tu ne connais pas...

Bisouille