vendredi 28 mars 2008
samedi 22 mars 2008
vendredi 14 mars 2008
Sobebra
Une fois de plus alitée à cause d'un moustique malveillant (mais je vous rassure tout vas bien !), je profite d'un peu de ce temps pour vous écrire un petit papier sur l'une des boissons les plus consommée en Afrique : la bière. Grande frustration pour moi de ne pouvoir la consommer actuellement, mon foie me l'interdisant pour raison de prompt rétablissement !
Sobebra est le plus grand diffuseur de boissons (Possotomé-eau minérale-, bières, sucreries, etc.) dans le pays. Il existe plusieurs dépots par quartier. En effet, la majorité des boissons sont consignées. Ainsi, la plupart des habitants possèdent leur propre casier qu'il leur suffit de remplir lorsque les boissons de celui-ci sont terminées. Eku, La Béninoise, Flag, Castel Beer sont les principales marques de bières. Il existe dans le nord du pays une bière locale appelée tchoukoutou (bière de mil fermenté). J'ai eu l'occasion de la boire lors de mon voyage à Natitingou, dans ce que l'on appelle, là-bas, au nord : des cabarets. Construits de façon circulaire, il s'en évapore souvent de subtiles odeurs d'alcool. On y fabrique la "tchouk". On la consomme au creux d'une calebasse.
Outre les bières donc, beaucoup de sucreries. On appelle sucreries toutes les boissons sucrées et gazéifiées. D'ailleurs elles le sont toutes. Fizzy pamplemousse, Fizzy cocktail, et bien évidemment Coca-Cola, grand dieu américain de la sucrerie qui règne sans partage sur le continent noir. De rare fois, et c'est avec grand plaisir, nos estomacs consomment du jus d'ananas appelé Tiana, Junanas ou encore
Junatas !!
Hevioso
Il me faut vous présenter Hevioso. Hevioso, dieu du tonnerre. (Prononcez "Réviosso")
Depuis quelques jours la saison des pluies a repris, après un harmattan frais et quelques grosses chaleurs avoisinant les 40° C. Revoilà la saison des pluies.
Je l'imagine un peu comme la mousson en Asie.
Au loin, les nuages s'épaississent, noirs, agglutinés, bouillonnants. Souvent, on peut les voir s'approcher avec violence. La rapidité avec laquelle ces nuages voraces mangent l'horizon, ne nous laisse qu'une fraction de seconde pour nous abriter sous une paillote, un maquis, un bout de tôle. Les plus malchanceux se retrouvent humides, trempés jusqu'aux os, en très peu de temps. Les zems glissent. L'eau inonde les vons, les habitations, notre être tout entier. Un grondement. Hevioso. De violents éclairs fusillent le ciel pour fendre la terre quelque part. Puis, souvent, l'obscurité. Parfois, le soir, la ville semble plongée dans les ténèbres. Les lumières de la ville ne sont plus. Seuls, les éclairs, tel le néon défectueux de ma chambre, éclairent par intervalle cette noirceur si terrifiante. Un éclair, là, de l'autre côté du mur. Un grondement, terrifiant. Je tremble. Hevioso me fait véritablement peur. Hevioso est vivant. Scotchée au canapé, j'attends. J'attends son départ. J'attends pour pouvoir enfin essorer les torchons ayant absorbé l'eau transpirant, dégoulinant des fenêtres.
Depuis quelques jours la saison des pluies a repris, après un harmattan frais et quelques grosses chaleurs avoisinant les 40° C. Revoilà la saison des pluies.
Je l'imagine un peu comme la mousson en Asie.
Au loin, les nuages s'épaississent, noirs, agglutinés, bouillonnants. Souvent, on peut les voir s'approcher avec violence. La rapidité avec laquelle ces nuages voraces mangent l'horizon, ne nous laisse qu'une fraction de seconde pour nous abriter sous une paillote, un maquis, un bout de tôle. Les plus malchanceux se retrouvent humides, trempés jusqu'aux os, en très peu de temps. Les zems glissent. L'eau inonde les vons, les habitations, notre être tout entier. Un grondement. Hevioso. De violents éclairs fusillent le ciel pour fendre la terre quelque part. Puis, souvent, l'obscurité. Parfois, le soir, la ville semble plongée dans les ténèbres. Les lumières de la ville ne sont plus. Seuls, les éclairs, tel le néon défectueux de ma chambre, éclairent par intervalle cette noirceur si terrifiante. Un éclair, là, de l'autre côté du mur. Un grondement, terrifiant. Je tremble. Hevioso me fait véritablement peur. Hevioso est vivant. Scotchée au canapé, j'attends. J'attends son départ. J'attends pour pouvoir enfin essorer les torchons ayant absorbé l'eau transpirant, dégoulinant des fenêtres.
lundi 3 mars 2008
Quartier lointain
Je décide de partir en pèlerinage chez Hector, à Cocotomey pour avancer sur mes projets. Partie de Cotonou à 8h45 pour ce quartier lointain, j'y découvrirai un hâvre de paix. Derrière moi, le pavé pollué. A ma droite, un chemin en terre où je retrouve Hector. Je laisse ma voiture pour continuer à l'arrière de sa moto. Je laisse ma voiture pour pouvoir emprunter plus facilement un chemin qui se fait de plus en plus sinueux, de plus en plus étroit, de plus en plus verdoyant. De verts palmiers semblent surgir de la piste rouge poussière, des manguiers, de hautes herbes folles, de nombreuses marres châtoyantes aux milles nénuphares… un ailleurs, enfin ! Un péage informel, tenu par deux habitants, est marqué par trois bouts de chambres à air noués entre deux palmiers. Les 50 fcfa pour entretenir le passage mettront fin à notre Paris-Dakar.
Beaucoup plus loin, la maison d'Hector. Un petit mur en béton et quelques arbres clairsemés délimitent sa propriété. Dans la cour je remarque tout de suite le manguier sous lequel semble assoupi un joli salon de jardin en bois. Je me sens bien. Une sorte de quiétude plane dans ce quartier. Quelques aglots disposés à l'entrée servent d'escalier pour entrer. Allongé, le salon dans sa plus simple modestie, dégage beaucoup de chaleur. Les briques en béton du mur sont encore apparentes, quelques poutres en bois soutiennent un toit en taule. Je découvre entassées sur une étagère quelques bandes-dessinées outre-temps, poussiéreuses. Dans le fond, sur un meuble en bois, quelques trophées et diplômes siègent à côté du portrait du papa d'Hector. L'émotion est forte, Hector vient de voir s'envoler un ange, ce vénérable monsieur venait d'avoir 80 ans.
A côté du salon, la chambre d'Hector très lumineuse lui sert aussi d'atelier. D'ailleurs, son atelier, sa maison, son être tout entier semble entouré d'un joyeux petit monde. Se partagent sans égal ses feuilles de croquis : le caméléon de Codjo aquarellé, Ana et Bazile, des joueurs de trompettes et autres musiciens, des voleurs de masques sacrés, des brigands à l'encre de chine, …
Hector est caricaturiste, illustrateur-jeunesse, auteur de bande-dessinées, aussi. Extrêmement doué, j'aime dans ses dessins la force de ses traits à l'encre de chine. J'aime ses personnages de polar aux larges épaules. J'aime les scènes de vie qu'il dépeint.
Il fait parti de ces personnes que j'avais déjà rencontré en rêve. Loin. Que je rêvais de rencontrer.
Dehors dans la cour, ses neveux et nièces jouent calmement dans le sable en attendant que leur tonton leur demande un quelconque service. Ici, les plus jeunes sont souvent au service de leurs aînés. Le chat Minou court après la volaille affolée, les plumes en alerte. Un gorille court dans le sable, aussi. Charlie, un canard enchaîné et quelques caricatures et lettres imprimées sont collés sur le devant de la maison. Malheureusement, la pluie s'est acharnée à décoller ce précieux papier peint constitué de fragments de journaux qu'Hector avait pris soin de coller.
La maison est ouverte, il n'y a pas de fenêtres, pas d'enclos. On nous salut aimablement, chaleureusement d'un "Bonjour tonton,
bonjour tata !"
Nous quittons notre douce quiétude. Nos trois cafés avalés depuis le matin. Notre palabre à l'ombre du manguier. Il est 13h20. Il fait très chaud. Les quelque mètres effectués suffisent à nous assoiffer à nouveau. Hector m'emmène dans un maquis manger du porc grillé.
Nous retrouvons une douce quiétude. Trois maxi coca ingurgités. Notre palabre à l'ombre du manguier a repris. Nous avons beaucoup rit lorsqu'à notre arrivée, la buvette "Super Bazar", s'est mise à troquer son coupé-décalé tonitruant pour un tonitruant Lara Fabian, ou encore un Sardou décalé que nous aurions préférer voir coupé !! Dans ce joyeux bazar, nous sommes restés à dessiner. Discuter. Je me sentais bien.
Nous nous sommes rencontré alors que lui et "ses potes", comme il dit, étaient en train de monter l'exposition "20 ans de caricatures au Bénin" au Centre culturel français, en octobre dernier. Cela a été une belle aventure.
Lui et "ses potes", comme il dit, ont tous commencé dans la caricature. Beaucoup, actuellement, travaillent encore pour des quotidiens tels que Le Matin ou L'Autre Quotidien. Hector, du haut de ses presque 40 ans, raconte non sans humour : son travail clandestin à Lomé pour la presse togolaise, son intervention auprès d'étudiants en art à Bruxelles, le froid, les problèmes à la douane, son passage à Angoulême, la venue au Bénin en moto de l'auteur P'tiluc, son ami, ses multiples projets d'éditions, de bibliothèque pour tous, à Cocotomey, là-bas, dans son quartier lointain, où, absent de toute littérature environnante il offrirait aux enfants, de buller quelques instants, sur une natte, sous le manguier.
Lui et "ses potes", comme il dit, ne peuvent pas vivre uniquement de la caricature. Alors, toute la joyeuse équipe, Jo, Hodall, Claudio, Kpitimé, Constant, et les autres, se retroussent les manches pour du travail plus alimentaire : publicité pour la sensibilisation au recyclage, illustration pour "Ado Mag", livret pour expliquer le paludisme aux enfants, animation pour l'opérateur téléphonique Moov, etc.
Je les admire, vraiment. Allez travailler avec une telle énergie dans de pareilles conditions : avec des coupures d'électricité de 12 heures, parfois !!
Actuellement, ils sont en train de réaliser l'un des plus beau projet que j'ai vu ici : un film d'animation ! Le projet va durer plus d'un an...
Il font partis des ces personnes que je n'aurais jamais pensé rencontrer, même en rêve...
Beaucoup plus loin, la maison d'Hector. Un petit mur en béton et quelques arbres clairsemés délimitent sa propriété. Dans la cour je remarque tout de suite le manguier sous lequel semble assoupi un joli salon de jardin en bois. Je me sens bien. Une sorte de quiétude plane dans ce quartier. Quelques aglots disposés à l'entrée servent d'escalier pour entrer. Allongé, le salon dans sa plus simple modestie, dégage beaucoup de chaleur. Les briques en béton du mur sont encore apparentes, quelques poutres en bois soutiennent un toit en taule. Je découvre entassées sur une étagère quelques bandes-dessinées outre-temps, poussiéreuses. Dans le fond, sur un meuble en bois, quelques trophées et diplômes siègent à côté du portrait du papa d'Hector. L'émotion est forte, Hector vient de voir s'envoler un ange, ce vénérable monsieur venait d'avoir 80 ans.
A côté du salon, la chambre d'Hector très lumineuse lui sert aussi d'atelier. D'ailleurs, son atelier, sa maison, son être tout entier semble entouré d'un joyeux petit monde. Se partagent sans égal ses feuilles de croquis : le caméléon de Codjo aquarellé, Ana et Bazile, des joueurs de trompettes et autres musiciens, des voleurs de masques sacrés, des brigands à l'encre de chine, …
Hector est caricaturiste, illustrateur-jeunesse, auteur de bande-dessinées, aussi. Extrêmement doué, j'aime dans ses dessins la force de ses traits à l'encre de chine. J'aime ses personnages de polar aux larges épaules. J'aime les scènes de vie qu'il dépeint.
Il fait parti de ces personnes que j'avais déjà rencontré en rêve. Loin. Que je rêvais de rencontrer.
Dehors dans la cour, ses neveux et nièces jouent calmement dans le sable en attendant que leur tonton leur demande un quelconque service. Ici, les plus jeunes sont souvent au service de leurs aînés. Le chat Minou court après la volaille affolée, les plumes en alerte. Un gorille court dans le sable, aussi. Charlie, un canard enchaîné et quelques caricatures et lettres imprimées sont collés sur le devant de la maison. Malheureusement, la pluie s'est acharnée à décoller ce précieux papier peint constitué de fragments de journaux qu'Hector avait pris soin de coller.
La maison est ouverte, il n'y a pas de fenêtres, pas d'enclos. On nous salut aimablement, chaleureusement d'un "Bonjour tonton,
bonjour tata !"
Nous quittons notre douce quiétude. Nos trois cafés avalés depuis le matin. Notre palabre à l'ombre du manguier. Il est 13h20. Il fait très chaud. Les quelque mètres effectués suffisent à nous assoiffer à nouveau. Hector m'emmène dans un maquis manger du porc grillé.
Nous retrouvons une douce quiétude. Trois maxi coca ingurgités. Notre palabre à l'ombre du manguier a repris. Nous avons beaucoup rit lorsqu'à notre arrivée, la buvette "Super Bazar", s'est mise à troquer son coupé-décalé tonitruant pour un tonitruant Lara Fabian, ou encore un Sardou décalé que nous aurions préférer voir coupé !! Dans ce joyeux bazar, nous sommes restés à dessiner. Discuter. Je me sentais bien.
Nous nous sommes rencontré alors que lui et "ses potes", comme il dit, étaient en train de monter l'exposition "20 ans de caricatures au Bénin" au Centre culturel français, en octobre dernier. Cela a été une belle aventure.
Lui et "ses potes", comme il dit, ont tous commencé dans la caricature. Beaucoup, actuellement, travaillent encore pour des quotidiens tels que Le Matin ou L'Autre Quotidien. Hector, du haut de ses presque 40 ans, raconte non sans humour : son travail clandestin à Lomé pour la presse togolaise, son intervention auprès d'étudiants en art à Bruxelles, le froid, les problèmes à la douane, son passage à Angoulême, la venue au Bénin en moto de l'auteur P'tiluc, son ami, ses multiples projets d'éditions, de bibliothèque pour tous, à Cocotomey, là-bas, dans son quartier lointain, où, absent de toute littérature environnante il offrirait aux enfants, de buller quelques instants, sur une natte, sous le manguier.
Lui et "ses potes", comme il dit, ne peuvent pas vivre uniquement de la caricature. Alors, toute la joyeuse équipe, Jo, Hodall, Claudio, Kpitimé, Constant, et les autres, se retroussent les manches pour du travail plus alimentaire : publicité pour la sensibilisation au recyclage, illustration pour "Ado Mag", livret pour expliquer le paludisme aux enfants, animation pour l'opérateur téléphonique Moov, etc.
Je les admire, vraiment. Allez travailler avec une telle énergie dans de pareilles conditions : avec des coupures d'électricité de 12 heures, parfois !!
Actuellement, ils sont en train de réaliser l'un des plus beau projet que j'ai vu ici : un film d'animation ! Le projet va durer plus d'un an...
Il font partis des ces personnes que je n'aurais jamais pensé rencontrer, même en rêve...
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