lundi 23 juin 2008

Sur le fil...

Très prochainement !

vendredi 20 juin 2008

Haïku togolais

Perché tel un haïku sur une branche de cacaotier du pic d'Agou, Prosper la main verte règne sans partage sur un royaume évanescent et délicat.








Ce royaume, détrompez-vous, n'est en aucun cas semblable à ceux des rois Ghezo ou Glélé à Abomey au Bénin. Son royaume n'est pas fait du sang des captifs égorgés. Non. Son royaume n'est pas fait de ce sang, mais peut-être de ce rouge que l'on prendra soin d'appeler "teck". Cette feuille de teck qui donne au papier crème de mon moleskine une couleur si terreuse, âcre, un rouge sang séché. Prosper aux doigts pigmentés connaît les moindre recoins et secrets des montagnes qui l'entourent.
Nous sommes à Kpalimé, plus précisément au mont Kloto au Togo.
Pour y accéder, une petite route de montagne grimpe, telle une liane à flan de colline, à travers une forêt tropicale luxuriante. C'est ce terrain de jeu qu'explore Prosper depuis des années. Prosper est entomologiste. Ses découvertes sont épinglées aux murs de son auberge. L'auberge "Les Papillons" aux murs ocre et bleu cyan est un véritable laboratoire des sens. Des promenades de Prosper ne subsistent que les verts tendres, les noirs anthracites, les bleus lagons ou encore les jaunes arangana de madagascar des délicates ailes de papillons qu'il collectionne et des pigments naturels qu'il glane. C'est un monde riche, surprenant et pétillant qu'il nous fait découvrir. Prosper. Une âme d'enfant dans un corps élancé et charnu. Un prénom épicé. Des doigts d'argent pour recueillir la sève des plantes les plus grasses et les transformer en pigments. Des pigments naturels qui sous la pression du pouce et de l'index se transforment en une pâte épaisse et colorée. Une sorte de gouache prête à l'emploi. Un peu d'argile et de jaune d'œuf pour lier le tout. Une feuille de bananier comme support. Prosper marche. Prosper glane. Prosper collecte. Souvenez-vous de lui. Un treillis vert kaki jusqu'au nombril. Des ranchers noires au bout de ces deux longues jambes. Au dos un petit sac d'écolier Chipie jaune et bleu, et un filet à papillons.

Prosper cet homme poétique et énigmatique, ce haïku togolais.

jeudi 12 juin 2008

"Je vous écris d'un pays lointain" (5)

Quotidien FRATERNITE N°2112 du 12 juin 2008 - CULTURE - p9

Je ne pouvais décidemment pas passer à côté de cet article sans vous l'envoyer et le partager avec vous !
Un article dans le journal, sur mon travail ! Bon d'accord ce n'est ni
Le Monde, ni Libé... mais quel article !! ...
Un quart de page en bas à droite. Lui faisant face : le " cv détaillé de Me Robert Dossou " dans la rubrique ACTUALITE - p8... la classe ! Nous apprendrons par ailleurs que Me Robert Dossou aime le jeu de dame et la natation ! De parts et d'autres, un article sur Petit Miguélito, la star montante de la scène musicale béninoise " Je n'ai été à aucun moment arrêté ", la parution d'un livre sur notre bon cher président, j'ai nommé le Docteur Boni Yayi (... enfin je voulais parler du président des béninois...), et un article sur Simon Soha, artiste de son état. Voilà donc un article rudement bien réfléchi qui a été rédigé à propos de mon expo au CCF. Un article dont les mots imprimés me semblaient singuliers. Une répétition. Replay. Bis. Du copier-coller quoi ! Un copier-coller de l'article que j'avais moi-même écrit, avec mon collègue, dans le programme du CCF... Vive la presse béninoise !

... et bonne année !

"Je vous écris d'un pays lointain" (4)

Sur la chaise marron-plastique à côté de mon bureau, Guy-Ernest KAHO, s'est dévoilé, à livre ouvert, un matin.
Je le connaissais clown (depuis peu), acteur célèbre, comédien... et ce matin-là nous avons parlé poésie. Dans mon bureau. Tout était calme et paisible autour de nous. Nous avons échangé images poétiques contre littérature. Une belle matinée.
Quatre mois plus tard, Guy-Ernest m'écrivait un texte sur l'ailleurs.
Prélude au vernissage. Lecture.
Révérence à cette artiste à la voix pétillante et suave.

" Je vous écris d'un pays lointain "

Je vous écris du bout du monde
Je vous écris d'un pays lointain
D'un pays qui pouvait
Si le vent l'avait
Voulu
Etre le mien
Le vôtre aussi
En fait
Malgré les apparences
Nous sommes
Tous
Rameaux verts du même palmier
Feuilles vertes de l'Arbre du monde
Et souvent
L'Arbre tremble
Et les rameaux
Et les feuilles
Tombent
Et le vent
Pour les libérer
Peut-être
Les emporte
Où il veut
Les disperse
Comme il peut
Toujours est-il
Qu'à l'atterrissage
A cause du temps
Du voyage et du dépaysement
Les feuilles que nous sommes
Oublions
Avoir été feuille
Parmi d'autres
Feuille d'un arbre
Dont nous avons
Abondamment bu
La sève
Nous oublions même
Avoir connu et vécu
Avec celles et ceux qui
Aujourd'hui
Nous accueillent dans
Tous les pays lointains
Du monde
Mais quand le dépaysement passe
L'on se souvient
L'on se souvient même
Des détails de ce qu'on
A vécu dans cette vie là
Seul ou ensemble
Avec les autres feuilles
Sur les branches, à suivre
Par exemple les concerts des
Oiseaux qui passaient
Et quand on se souvient
On partage n'est-ce pas ?
Moi j'ai mes souvenirs, mes rêves
Mes délires mes rires mes murmures
Mes hurlements même
A partager
Et je sais
Je sais que vous auriez
Aimé que je vous les chante
Que je vous les danse ou que
Je vous les peigne
Mais pour le moment
Vous me permettrez
De vous les dessiner, de vous
Les écrire et de vous les
Poser là dans ce hall
En attendant
L'Autre prochain
Lointain
Pays
D'où encore
Je vous écrirai

Bonne année

Guy-Ernest KAHO

... merci Guy !

mardi 3 juin 2008

Café littéraire

Carton d'invitation que j'ai réalisé pour un café littéraire au Centre culturel français, sur le premier roman de Wilfried N'Sondé, auteur d'origine congolaise.
Prix des Cinq Continents de la Francophonie 2007.